Quand un nouveau tissu nous emmène sur les traces d'une pionnière
Lorsqu’on a décidé de réhabiller notre porte-livre samoussin de Lafayette en toile de Jouy, on s’est rendu compte que, comme beaucoup, on connaissait surtout le nom et La Princesse de Clèves. Mais qui était vraiment cette femme ? Comment vivait-elle dans son Paris du XVIIe siècle ?
Alors on a fait notre petite enquête parisienne, appareil photo en main et samoussin sous le bras. De l’église Saint-Sulpice où elle fut baptisée aux jardins du Luxembourg juste en face de son hôtel particulier, direction le 6ème arrondissement, là où tout a commencé.
Saint-Sulpice, une première adresse très bien située
C’est devant l’église Saint-Sulpice qu’on a commencé notre balade. Marie-Madeleine Pioche de la Vergne y est baptisée le 18 mars 1634. À l’époque, l’édifice n’est qu’un chantier (la première pierre a été posée huit ans plus tôt), mais déjà, la petite noblesse du quartier s’y presse. Son parrain ? Un maréchal de France. Sa marraine ? La nièce de Richelieu. On ne naît pas écrivaine par hasard dans le Paris du Grand Siècle.
L’hôtel de la rue de Vaugirard, un salon littéraire face au Luxembourg
De l’autre côté de la place, direction la rue de Vaugirard. C’est ici, au numéro 48-50, que se dressait l’hôtel familial où Marie-Madeleine est née et où elle reviendra s’installer après son mariage. La chance : les fenêtres donnent directement sur le jardin du Luxembourg, créé par Marie de Médicis pour retrouver l’atmosphère de Florence. Imaginez : se réveiller avec vue sur les parterres à la française, les bassins, les statues…
Son mari, le comte de Lafayette, préfère ses terres d’Auvergne aux mondanités parisiennes ? Parfait. Elle transforme cet hôtel particulier en l’un des salons littéraires les plus brillants de son temps. Madame de Sévigné, sa meilleure amie, y est une habituée. Le duc de La Rochefoucauld, l’auteur des Maximes, y passe ses après-midi à débattre littérature. Henriette d’Angleterre, belle-sœur du roi, en fait son intime.
C’est dans ces pièces aux boiseries sculptées, avec vue sur les arbres du Luxembourg, que s’écrit l’avenir du roman français. Entre deux conversations, entre deux visites, Madame de Lafayette invente le roman psychologique moderne.
Chez Aricomagic, on aime cette idée d’espaces qui inspirent. Un bel intérieur, des livres, des amis qui partagent vos passions, la lumière qui entre par les fenêtres… C’est exactement ce que nous cherchons à créer avec nos objets : des moments privilégiés où l’utile rejoint l’agréable.
10 choses à savoir sur Madame de Lafayette (et son Paris)
Notre samoussin de Lafayette en toile de Jouy, c'est un peu comme lire La Princesse de Clèves : classique, intemporel, terriblement élégant, et définitivement tendance !

1. Non, ce n’est pas la femme du célèbre marquis de Lafayette La confusion est fréquente ! Marie-Madeleine Pioche de la Vergne, comtesse de Lafayette (1634-1693), a vécu un siècle avant Gilbert du Motier, marquis de Lafayette (1757-1834), le héros de l’indépendance américaine. Ils partagent juste un nom de famille.
2. Elle a tout caché (ou presque) Publier sous son nom ? Impensable pour une femme de son rang. La Princesse de Montpensier, Zaïde, La Princesse de Clèves… tout paraît anonymement ou sous le nom de son secrétaire. Même quand tout Paris se demande qui est l’auteur de ce chef-d’œuvre, elle persiste à nier. Élégante stratégie.
3. Son hôtel n’existe plus, mais l’adresse existe toujours Le 48-50 rue de Vaugirard, dans le 6ème arrondissement. L’hôtel particulier a disparu, mais vous pouvez passer devant et imaginer le salon littéraire qui s’y tenait, juste en face du Luxembourg.
4. Elle a été dame d’honneur d’Anne d’Autriche À 16 ans, elle entre au service de la reine. Parfait pour observer les codes vestimentaires de la Cour : les robes somptueuses en brocart et velours, les cols de dentelle, les coiffures élaborées avec leurs boucles savamment arrangées, les bijoux précieux… Toute cette esthétique qu’elle décrira avec tant de précision dans La Princesse de Clèves. D’ailleurs, on retrouve la statue d’Anne d’Autriche parmi les reines de France au jardin du Luxembourg, vêtue de ces tenues majestueuses du Grand Siècle.
5. Voltaire lui a rendu un hommage magistral Dans Le Siècle de Louis XIV, il écrit que ses romans furent “les premiers où l’on vit les mœurs des honnêtes gens, et des aventures naturelles décrites avec grâce”. Avant elle ? “On écrivait d’un style ampoulé des choses peu vraisemblables.”
6. Elle a inventé le roman court À une époque où les romans faisaient des milliers de pages, elle propose des récits condensés, précis, où chaque mot compte. La Princesse de Clèves ne fait que 178 pages dans l’édition originale. Révolutionnaire !
7. Son amitié avec La Rochefoucauld a nourri son œuvre Pendant vingt ans, elle partage une complicité intellectuelle intense avec l’auteur des Maximes. Madame de Sévigné écrit que “rien ne pouvait être comparé à la confiance et aux charmes de leur amitié”. C’est dans ces échanges que naît sa vision pessimiste de l’amour.
8. Le Luxembourg était son jardin Juste en face de chez elle, c’était son territoire quotidien. Les bassins, les statues, les allées… Un décor parfait pour une femme qui aimait observer la société et ses codes.
9. Elle est la mère du roman psychologique Première à analyser avec autant de finesse les tourments intérieurs, les conflits entre devoir et passion, la jalousie, la culpabilité. De Balzac à nos jours, tous les romanciers d’analyse psychologique lui doivent quelque chose.
10. La Princesse de Clèves continue de faire débat En 2006, Nicolas Sarkozy ironise sur sa présence au concours de la fonction publique. Réaction immédiate : Christophe Honoré en fait un film (La Belle Personne) transposé au XXIe siècle. Le roman est régulièrement au programme du bac. Plus de trois siècles après, il passionne toujours.
Pourquoi la toile de Jouy pour ce samoussin ?
Quand on a voulu redonner un coup de neuf au samoussin de Lafayette, la toile de Jouy s’est imposée comme une évidence. Ce tissu, c’est un peu l’équivalent textile de ce que Madame de Lafayette a fait en littérature : du raffinement français, une technique précise, des scènes qui racontent des histoires.
Un classique indémodable qui revient en force
Et puis, avouons-le : la toile de Jouy, c’est LA tendance du moment. Depuis quelques saisons, ce motif emblématique fait un retour fracassant dans la décoration. Les grands créateurs se la réapproprient, Dior en fait des cabas iconiques et décore même ses spas éphémères avec, les magazines de décoration ne jurent que par elle.
On la retrouve partout : en papier peint panoramique dans les intérieurs les plus chics, sur des coussins, des rideaux, même sur des vêtements et des accessoires. Les éditeurs de tissus adorent la revisiter à chaque collection, en changeant les coloris tout en gardant son charme pastoral. Du bleu prussien au vert émeraude, du rose poudré au noir graphique, elle se décline à l’infini sans jamais perdre son élégance.
Un tissu qui raconte l’art de vivre à la française
Née au XVIIIe siècle dans la manufacture de Jouy-en-Josas (juste à côté de Versailles), la toile de Jouy représente des scènes bucoliques, historiques ou mythologiques en camaïeu sur fond clair. C’est élégant sans être ostentatoire, narratif sans être chargé. Exactement l’esthétique du Grand Siècle que Madame de Lafayette incarnait : de la retenue, de la précision, de la profondeur sous une apparente simplicité.

Et puis, question de cohérence : ce tissu français par excellence pour une écrivaine qui a inventé le roman français moderne, ça avait du sens. Notre samoussin de Lafayette en toile de Jouy, c’est un peu comme lire La Princesse de Clèves : classique, intemporel, terriblement élégant, et définitivement tendance.
Vivre comme Madame de Lafayette aujourd'hui
Enfin, vous le savez, notre concept “Vivre comme” cherche à retrouver l’esprit d’un auteur, son art de vivre. Alors, comment s’inspirer de Madame de Lafayette dans notre quotidien ?
- Créer son propre salon littéraire : Recevoir des amis autour de livres, de discussions, partager ses lectures. Elle nous rappelle que les échanges intellectuels sont essentiels.
- Privilégier la qualité à la quantité : Dans l’écriture comme dans la vie. Peu d’œuvres, mais magistrales. Peu d’objets, mais beaux et durables.
- S’entourer de beau : Un intérieur élégant, une vue sur un jardin (même petit), des tissus nobles comme la toile de Jouy. Le cadre influence la pensée.
- Lire dans de bonnes conditions : C’était une grande lectrice. Notre samoussin Lafayette vous accompagne dans ces moments privilégiés où on se plonge dans un livre avec tout le confort nécessaire.
- Cultiver l’amitié littéraire : Échanger sur ses lectures, offrir des livres, créer des liens autour de la littérature. Comme elle le faisait avec Madame de Sévigné.
À la une de la revue
Chez aricomagic, nous croyons que les objets racontent des histoires, tout comme Madame de Lafayette en a écrites. En installant le samoussin de Lafayette dans votre intérieur, vous accueillez un peu de cet art de vivre raffiné du Grand Siècle. La toile de Jouy déploie ses scènes bucoliques, votre coussin de lecture tient votre livre à votre place, et qui sait, peut-être qu’en lisant La Princesse de Clèves confortablement installé, vous ressentirez cette connexion avec une époque où Paris inventait le roman moderne, un salon à la fois.